Reportage : expédition en Laponie Suédoise.

Reportage : expédition en Laponie Suédoise.

Fin juillet 2024, j’ai eu le bonheur de réaliser un reportage photos destiné à la promotion de l’association « Destination Rivières ». Leur vocation : faire découvrir les dernières rivières sauvages de France et d’Europe. Rapides tumultueux ou fleuves lisses, vie au plein air, bivouacs, feux de camp, pêche, observation de la faune et de la flore : voilà les grandes thématiques qu’il fallait faire ressortir.

Pour cela : direction la Laponie Suédoise, près de Älvsbyn, à 100 km en-dessous du cercle polaire arctique. Là, se cache une sublime rivière aux multiples visages : l’Åby älv. Parfois grand lac, parfois petit bras sinuant dans la taïga, elle nous a portés pendant une dizaine de jours, dans un monde de silence propice à l’observation des rennes, des castors, des grues cendrées et autres plongeons arctiques.

Eloge de la lenteur.

60 km ! La distance aurait pu être parcourue en deux jours, même en un seul. Nous avons mis huit jours pour pagayer le tout ! Il fallait la vitesse d’une tortue pour se mettre totalement à l’heure de la Laponie, se fondre dans les bois, rêver devant les miroirs des petits lacs, faire du feu pour cuisiner, et pêcher, beaucoup ! Quitte à reculer, lorsque nous pêchions à la traîne sur les grands lacs gentiment agités par les vents de face. Car ce coin planète est capable de transformer n’importe quel citadin en femme ou homme des bois. Lancer sa première cuillère en Laponie, c’est goûter à l’illusion que la pêche est finalement facile et toujours aussi miraculeuse. Perches, brochets, ombles arctiques, saumons : l’Åby älv comme ses voisines doit compter parmi les eaux les plus poissonneuses du globe. Notre guide en sortira une truite de plus de 5 kg ! La plupart des membres du groupe, parfaits néophytes, prendront des brochets de 80 cm. Un exploit complètement dénigré par les pêcheurs locaux qui n’accordent aucun intérêt à ce poisson.

Loin des tourments du monde.

La Laponie Suédoise est un labyrinthe de lacs et de rivières où l’on perd rapidement le Nord. De nombreux petits rapides connectent les lacs. Jamais compliqués, ils poussent tout de même à une vigilance permanente, l’eau noire comme l’ébène empêchant de voir les cailloux qui affleurent. Chaque canoë est chargé de plusieurs kilos de matériel et de nourriture pour voyager en autonomie complète. Les canoës pourraient facilement casser au premier rocher tamponné. La descente est donc organisée pour que cela n’arrive pas. Quelques rapides qui pourraient être franchis en moins d’une minute à la pagaie sont passés « à la cordelle » en plus d’une heure. Cette façon de franchir les obstacles teste la cohésion de groupe. C’est l’un des autres intérêts de ce type d’aventure, une thématique chère à l’association Destination Rivières : comment communiquer et travailler ensemble pour gérer un obstacle ou une situation.

Ce reportage hors du temps fut une immense satisfaction professionnelle et personnelle. Comme toujours, je suis attiré par les destinations sauvages, mais aussi par les valeurs véhiculées par les compagnies qui proposent ces voyages d’aventure. On en revient plus calme et plus instruit, avec la joie de réaliser que le sauvage existe encore, pas si loin de chez nous.

Un grand merci à Destination Rivières de m’avoir embarqué dans l’aventure.